Le resserrement de la politique monétaire devrait s’avérer moins fort que prévu. A l’approche du taux terminal, les courbes continuent de se pentifier. Par Sam Vereecke, responsable de la gestion obligataire et Lowie Debou, gérant obligataire chez DPAM.
Les taux d’intérêt approchent de leur point d’inflexion et les courbes se pénètrent de plus en plus, ce qui pourrait entraîner une interruption précoce de la hausse des taux directeurs. Les difficultés des banques régionales américaines et du Crédit Suisse pourraient affecter les institutions financières mondiales et accentuer la pression à la baisse sur les taux. Cependant, il est peu probable qu’une banque périphérique rencontre des difficultés, car les régulateurs sont conscients de la nécessité de maintenir intacte la confiance dans le système financier.
Lors de sa réunion du 16 mars dernier, la BCE a confirmé qu’elle utiliserait si nécessaire l’IPT (instrument de protection de la transmission) de manière à « lutter contre une dynamique de marché injustifiée, désordonnée qui représente une menace grave pour la transmission de la politique monétaire ». Or l’inconditionnalité et l’absence de limite d’achat de l’IPT lui confèrent une grande crédibilité, laquelle a d’ailleurs trouvé son illustration lors du récent relèvement des taux directeurs. Ce dernier n’a en effet pas donné lieu à une augmentation des écarts de rendements des marchés européens de la périphérie.
A moyen terme, l’orientation de la politique monétaire à adopter est en revanche moins claire, car l’inflation ne diminue pas aussi rapidement que prévu. Si les prix de l’énergie reculent fortement, l’inflation de base persiste et cela est préoccupant. Par ailleurs, même si la transmission de la politique monétaire se trouve amplifié par le biais du crédit, son rythme d’augmentation de taux pourrait être trop lent. Ce risque est d’autant plus grand que l’incertitude concernant le délai de répercussion des décisions monétaires augmente.
Avant les récents événements intervenus sur le marché, il était évident que l’on approchait du point haut du cycle de normalisation des taux directeurs de la BCE. Depuis, il est probable que les conditions monétaires deviennent plus restrictives et forcent au minimum la BCE à ralentir le rythme de hausse des taux, même si la trajectoire de l’inflation n’est pas tout à fait conforme à l’objectif. Une fois encore, le mantra des banques centrales sera le suivant : mieux vaut prévenir (attendre que les effets de la politique monétaire se déploient pleinement) que guérir (de devoir procéder par la suite à un assouplissement des conditions financières bien plus marqué que le durcissement antérieur à cause d’une erreur de politique monétaire trop restrictive).