Alors que la saison estivale démarre, William Gerlach, Directeur régional France et Royaume-Uni chez iBanFirst, et expert du marché des changes, revient sur les principales tendances. Décryptage.
EUR/USD
L’euro a remonté la pente. Mais la balle est dans le camp du dollar américain. Nous voyons mal quel catalyseur pourrait propulser de nouveau l’euro vers ses récents points hauts autour de 1,1250. A l’inverse, la situation est plutôt favorable pour le dollar américain. La devise est soutenue par le fait que le marché a sous-estimé la persistance de l’inflation (et donc la nécessité d’augmenter les taux directeurs). Il a également sous-estimé la résilience de l’économie américaine, ce qui repousse encore un peu la possibilité d’une récession. Ajoutons à cela que le dollar est devenu de nouveau très attractif dans les stratégies de carry trade (qui visent à profiter du différentiel de taux directeurs entre les différentes zones économiques). Tout est réuni pour une hausse du billet vert.
EUR/GBP
Notre objectif à long terme à 0,8400 est inchangé. Nous avons la conviction que la livre sterling devrait afficher une meilleure performance que l’euro dans les mois à venir, en raison de la nécessité pour la Banque d’Angleterre d’augmenter fortement ses taux. Au Royaume-Uni, l’inflation devient en grande partie structurelle et, par expérience, on sait que seule une action décisive au niveau des taux peut être en mesure de permettre un retour à la normale. C’est un élément de soutien majeur pour la livre sterling.
EUR/JPY
Toujours plus haut. La flambée de l’euro continue face au yen japonais en raison du maintien par la Banque du Japon d’une politique monétaire ultra-accommodante (à rebours des autres banques centrales). Toutefois, la faiblesse du yen commence à agacer les autorités nippones. Il n’est pas exclu que cet agacement se traduise par des interventions directes sur le marché des changes à court terme (comme ce fut le cas en septembre 2022). Il faudra donc être vigilant cet été.
EUR/CHN
Au cours de la semaine passée, les banques publiques chinoises sont intervenues à pas moins de trois reprises sur le marché onshore (yuan échangé en Chine) et offshore (yuan échangé hors de Chine) pour vendre des dollars afin de limiter la dépréciation du yuan. Pour l’instant, cela n’a pas eu d’effet immédiat sur la paire EUR/CNH puisque la trajectoire haussière perdure. En revanche, on peut désormais légitimement s’interroger sur la volonté réelle de Pékin d’avoir un taux de change faible de sa monnaie pour relancer sa monnaie. Le yuan pourrait être la monnaie qui va nous surprendre cet été.