Qualifier 2020 de volatile serait un doux euphémisme. L’année qui s’achève a ainsi été celle de tous les records boursiers, à la hausse comme à la baisse. La pandémie a tout oblitéré sur son passage, devenant fin février le seul sujet de préoccupation des marchés financiers (et du monde entier). Le choc mondial créé par la Covid-19 a ainsi plongé les opérateurs dans un profond climat d’incertitude. Privés de toute capacité d’anticipation face à cette situation inédite, les investisseurs du monde entier ont pu expérimenter ces 11 derniers mois toute la palette des émotions boursières : la complaisance en février, la panique totale en mars, l’espoir d’avril à août, la crainte de septembre à octobre et désormais l’euphorie totale. Si ces mouvements irrationnels sont l’apanage d’une crise financière, jamais ils n’ont été aussi rapides ni aussi brutaux. En comparaison avec la dernière crise financière majeure, 2020 a ainsi condensé les années 2008, 2009 et 2010 en trois trimestres frénétiques.
► Les faits marquants du mois
Le mois de novembre, témoin d’un rallye historique, a été la parfaite illustration de cette frénésie boursière.
États-Unis
Alors que les investisseurs étaient fin octobre sous la pression des élections présidentielles américaines et de l’aggravation de la pandémie, le scénario s’est brutalement inversé. Joe Biden a finalement remporté les élections sans que Donald Trump ne puisse activer aucun des leviers juridiques et politiques mis en place pour annuler le résultat. Plus encore, l’arrivée effective d’un premier vaccin par Pfizer et bioNTech a définitivement posé les bases d’une sortie de la crise sanitaire. Devant un tel renversement de scénario, les marchés américains se sont fortement inversés créant un rallye boursier sans précédent et enchaînant record sur record.
Europe
Le Vieux Continent n’a pas été en reste. Malgré des indicateurs économiques inquiétants, l’annonce du vaccin a été accueillie à bras ouverts alors que les interrogations citoyennes du continent sont passées d’un re-confinement à un déconfinement potentiellement définitif. Non seulement les marchés européens ont suivi la remontada, mais l’Europe, bénéficiant d’une surpondération des valeurs dites value, a été particulièrement recherchée par les investisseurs mondiaux. Le CAC 40, avec une hausse supérieure 20%, signe ainsi sa meilleure performance mensuelle depuis février 1988.
Marchés émergents
Pendant que le reste du monde reprenait espoir, la Chine a vu ses fondamentaux continuer de s’améliorer. La crise semble désormais n’être qu’un mauvais souvenir pour l’empire du Milieu et son économie accélère à tous les niveaux. Malheureusement, cette embellie est loin d’être partagée par les autres puissances émergentes qui sont toujours engluées dans la crise sanitaire et économique. Seule la Russie, qui bénéficie également d’un vaccin et pourrait bénéficier de l’augmentation du prix du pétrole, fait figure d’exception.
► Actualités & Prévisions
Alors que la fin d’année 2020 s’annonce relativement calme, tous les regards sont désormais tournés vers 2021.
États-Unis
Aux Etats-Unis, le nouveau président élu constitue son cabinet autour de personnalités éminentes dont Madame Yellen au Trésor et écarte tout représentant de l’aile gauche du Parti démocrate, éliminant ainsi les derniers doutes des financiers. La FED devrait annoncer lors de sa dernière réunion de l’année la poursuite de sa politique très accommodante en attendant le plan de relance budgétaire de la nouvelle administration. L’aggravation de la crise sanitaire ne semble toujours pas inquiéter alors que la vaccination devrait débuter ce mois-ci.
Europe
De ce côté de l’Atlantique, les deux événements qui pourraient venir contrarier la forte reprise des indices restent le Brexit et l’absence de consensus politique pour boucler le budget européen et valider le tant attendu plan de relance. Les marchés semblent néanmoins satisfaits du nouvel équilibre. Seules les petites capitalisations devraient animer le marché d’ici les fêtes.
Les marchés
Un des principaux sujets du moment est également la baisse du dollar, conséquence directe du projet de relance budgétaire et de la création monétaire induite et renforcée par le retour de l’optimisme. Cette tendance est assurément une bonne nouvelle pour les marchés émergents, débiteurs nets, si toutefois elle ne s’accompagne pas d’une hausse trop marquée des taux d’intérêt à long terme.
Les investisseurs rêvant d’une année calme après le rollercoaster de 2020 risquent d’être déçus. Alors que certaines conséquences économiques et sociales de la crise commencent à peine à faire surface et que la situation sanitaire est loin d’être résolue malgré les plans de vaccination, 2021 pourrait bien s’avérer être tout aussi mouvementée.
Article rédigé par Thomas FOURNET, co-gérant de Montbleu Cordée et gérant de D.Fi depuis mi-Avril 2020.