Sous l’effet conjugué des mesures de pouvoir d’achat prises par le gouvernement après le mouvement des gilets jaunes et de la baisse de consommation liée aux confinements, les Français ont mis de côté plus de 100 milliards d’euros. Une épargne dormante que le gouvernement voudrait voir déconfinée plus vite, en tentant de convaincre les épargnants qu’ils doivent participer ainsi au plan de relance.
Mais cela ne va pas être simple. Les Français semblent tellement arc-boutés sur leur épargne qu’ils en sont même à avoir des comportements irrationnels. C’est ce qui ressort d’une enquête effectuée par CSA Research, pour la société Cofidis, indiquant que près de la moitié des Français seraient prêts à prendre un crédit à la consommation plutôt que de toucher à leur épargne. Une proportion qui a singulièrement augmenté avec l’arrivée du Covid. La crainte du coup dur a entraîné un réflexe d’autodéfense de l’épargne dans un pays qui pourtant est déjà l’un des plus épargnants d’Europe. Et le repli sur les livrets d’épargne est si marqué qu’il génère même cet attrait nouveau pour le crédit à la consommation dont les Français sont pourtant nettement moins avides que d’autres consommateurs de la planète, les Américains notamment qui se goinfrent de crédits en tous genres.
Conserver une épargne qui ne rapporte presque plus rien pour prendre un crédit à la consommation avec des intérêts à payer, même s’ils sont historiquement bas, relève d’un comportement irrationnel. Car bien sûr, ce n’est pas rentable. Mais les experts sont formels : c’est une tendance propre à chaque crise économique. La crainte du coup dur est telle qu’elle peut entraîner des choix paradoxaux, contraires aux intérêts du consommateur.