Selon les experts, les confinements en Chine présentent des effets neutres sur la croissance française et le solde commercial en valeur.
La Chine connait actuellement des confinements d’une ampleur globalement similaire à ceux du printemps, lorsque Shanghai avait été confinée, avec des villes comptant pour plus de 20 % du PIB chinois soumises à des restrictions.
À partir de l’expérience des confinements chinois du printemps, le cabinet Asterès a calculé que ces mesures sanitaires ont des effets neutres sur la croissance française et le commerce extérieur en valeur. Les pertes d’exportations sont en effet globalement compensées par la détente des prix du pétrole qui a des effets favorables sur le pouvoir d’achat des ménages et le prix des importations.
La chine renoue avec les confinements
La Chine ne semble pas prête à sortir de sa politique « zéro-Covid ». Il y a quelques semaines, un certain allègement des restrictions sanitaires avait fait naître l’espoir d’une sortie progressive de la politique « zéro-Covid ». Mais le rebond des contaminations a douché cet espoir, avec des confinements partiels instaurés dans plusieurs grandes villes telles que Pékin, Canton ou Zhengzhou.
Dans ces dernières villes, qui accueille des usines tentaculaires fabricant notamment l’iPhone d’Apple, les ouvriers confinés à l’intérieur des usines ont protesté contre les mesures sanitaires, signe d’un mécontentement croissant de la population.
La baisse des exportations ampute le PIB d’environ 0,3 %
Des confinements de l’ampleur de ceux du printemps ou de l’automne 2022 amputeraient les exportations françaises d’environ 7,8 milliards d’euros s’ils duraient une année entière. Entre février et mai, les exportations françaises vers la Chine se sont contractées de 25 % du fait des confinements.
Si ce type de confinement se prolongeait pendant une année, il en résulterait une perte d’exportations françaises d’environ 7,8 milliards d’euros, soit une amputation du PIB d’environ 0,3 %.
L’impact sur le prix du pétrole accroît le PIB d’environ 0,3 %
Les confinements en Chine réduisent la demande de pétrole et sont donc positifs pour l’inflation et le pouvoir d’achat. Au printemps 2022, les confinements chinois ont diminué la consommation de pétrole d’environ 1,2 million de barils par jour (seul le pétrole est pris en compte, les effets sont certainement plus élevés en considérant également d’autres matières premières). Une variation de l’équilibre entre offre et demande de 1 million de barils par jour conduit à une variation du prix de 20 dollars, les confinements chinois ont donc pesé sur le prix du pétrole à hauteur d’environ 24 dollars. Comme une variation de 10 dollars du pétrole implique une variation de l’inflation française de 0,4 point, Asterès estime que les confinements chinois de l’ampleur de ceux du printemps 2022 réduisent l’inflation française d’environ un point. Les variations de l’inflation, donc du pouvoir d’achat, se traduisent pour moitié en variation de consommation au bout d’un an.
Si les confinements du printemps duraient une année entière, la gain de consommation du fait d’une inflation réduite seraient d’environ 0,5 %, soit une hausse de la consommation des ménages d’environ 6,3 milliards d’euros. Le PIB serait ainsi accru d’environ 0,3 %.
Un effet nul sur le solde commercial en valeur
Les confinements en Chine pénalisent le solde commercial français en volume, mais ont un effet nul sur le solde en valeur. Des confinements en Chine de l’ampleur de ceux observés au printemps ou en novembre 2022 réduiraient les exportations françaises d’environ 7,8 milliards d’euros s’ils duraient une année entière. Il s’agit d’une perte nette pour le commerce extérieur français en volume. Concernant le solde commercial en valeur (variation des volumes échangés et de leurs prix), il convient de prendre en compte la baisse du prix des importations liées à la baisse du prix du pétrole. Puisque les confinements chinois réduisent le prix du pétrole d’environ 26 % (toutes choses égales par ailleurs) et que les exportations françaises de pétrole brut en 2022 sont estimées par Asterès à 30 milliards d’euros, la baisse des importations de pétrole en valeur est d’environ 8 milliards d’euros sur une année, soit un montant presque équivalent à la baisse des exportations françaises vers la Chine. Les confinements chinois ont ainsi un effet globalement neutre sur le solde commercial français en valeur.