Face au blocage du taux du livret A, nettement inférieur à l’inflation, le livret d’épargne populaire (LEP) s’apprête à tirer profit de l’augmentation de son plafond à 10 000 euros cet automne.
Le gouvernement ayant décidé de suivre les recommandations de la Banque de France en maintenant le taux du livret A à 3% pendant 18 mois, de plus en plus d’épargnants se tournent vers le LEP.
Ce livret, judicieusement renommé, offre en effet un rendement deux fois supérieur : 6%, sans imposition sur les intérêts versés par la banque où il a été ouvert. L’année dernière a connu une hausse spectaculaire du nombre de détenteurs de livrets d’épargne populaire : +24,9%.
9 millions de détenteurs pour 18,6 millions de personnes éligibles
Sans surprise, cet engouement chez ceux autorisés à en ouvrir un s’est poursuivi cette année. Les chiffres les plus récents publiés par la Banque de France dans son rapport annuel sur l’épargne réglementée montrent une augmentation du nombre de détenteurs, passant de moins de 7 millions fin 2021 à 9 millions en février dernier.
Cependant, ce chiffre de neuf millions doit être relativisé. Il reste bien en deçà du nombre de personnes dont les revenus sont inférieurs au plafond à partir duquel on peut ouvrir un LEP. Selon les données de l’administration fiscale, 18,6 millions de contribuables sont actuellement éligibles au LEP.
On est également loin du niveau de popularité atteint par le LEP avant la crise financière de 2008. Suite à la forte augmentation du chômage qui a suivi, le nombre de détenteurs (13,2 millions en 2008) n’a cessé de diminuer pour finir à un niveau près de deux fois inférieur en 2021.
Le regain d’intérêt pour le LEP se reflète également dans les montants que les épargnants modestes y ont déposés pour les protéger de l’inflation. Près de 10 milliards d’euros de plus en un an, pour atteindre 47,9 milliards d’euros. En moyenne, les détenteurs de LEP ont donc un solde de 5700 euros.
Plus de 3000 euros sur les trois quarts des LEP
Actuellement, le solde de près de trois livrets sur quatre (71%) dépasse les 3000 euros, représentant près de deux mois de salaire ou de pension de retraite. Le plafond de revenus pour ouvrir un LEP pour un célibataire est de 1780 euros par mois, un montant bien supérieur à ce que l’on observe pour les livrets A détenus par plus de 55 millions d’épargnants. La majorité d’entre eux (51%) y ont moins de 1500 euros.
Un autre chiffre éloquent met en lumière le rôle important joué par le LEP en tant que réserve financière. Dans un cas sur deux, les Français ne peuvent plus y déposer davantage d’argent. En effet, 47% d’entre eux ont atteint le plafond de 7700 euros. C’est pourquoi le ministère de l’Économie a décidé de le revoir à la hausse. D’ici cet automne, il passera donc à 10 000 euros.
De nombreux détenteurs actuels « bloqués » par le plafond devraient donc transférer autant que possible leurs économies du livret A vers leur LEP. Ce changement pourrait aisément faire franchir la barre des 50 milliards d’euros placés par les Français sur ce livret unique en Europe.