Les demandes de primes rénovations se sont littéralement effondrées, obligeant le gouvernement à faire marche arrière sur le durcissement de MaPrimeRénov’.
Malgré les avertissements des professionnels en fin d’année dernière, le gouvernement a été pris par surprise. Depuis que la réforme de MaPrimeRénov’, cette subvention publique à la rénovation énergétique des logements, est entrée en vigueur début janvier, les demandes de primes se sont littéralement effondrées : selon des informations obtenues par « Les Echos » auprès du ministère du Logement, elles ont chuté de 40 % en janvier et février, par rapport à la même période de l’année dernière.
Alors, à peine deux mois et demi après l’entrée en vigueur de la réforme des aides aux rénovations énergétiques des logements, le gouvernement veut redresser la barre pour relancer un marché qui s’est littéralement effondré depuis le début de l’année.
En fin de semaine dernière, au cours d’une réunion avec la Fédération française du bâtiment (FFB) et la Capeb (qui représente les artisans), les ministres de la Transition écologique Christophe Béchu, et du logement, Guillaume Kasbarian, ont annoncé d’importants assouplissements à la refonte de MaPrimeRénov’.
Premier geste, rendre à nouveau éligibles les « mono-gestes ». Pour doper les rénovations dites « d’ampleur », les plus efficaces pour les économies d’énergie, le gouvernement avait considérablement augmenté les aides pour ces rénovations globales, mais aussi quasiment supprimé les primes sur les travaux simples dans les maisons individuelles. Seul était resté éligible le changement de système de chauffage, à condition d’opter pour un chauffage décarboné (pompe à chaleur air/eau, poêle à granulés, etc.) et de ne pas résider dans une passoire thermique (un logement classé F ou G).
Toutes ces restrictions sont supprimées jusqu’à la fin de l’année, ouvrant à nouveau la voie aux autres travaux simples (comme l’isolation des murs ou des combles), qui représentent entre 80 et 90 % du marché. « Mieux vaut une rénovation globale à un mono-geste, mais mieux vaut un mono-geste plutôt que pas de rénovation du tout », a considéré Christophe Béchu, pendant la rencontre.
Par ailleurs, comme les propriétaires ne sont plus tenus de prouver que leur logement n’est pas une passoire thermique, l’obligation d’effectuer un DPE (diagnostic de performance énergétique) préalablement aux travaux est, elle aussi, levée – supprimant un autre facteur de blocage du marché.
Validation des acquis par l’expérience
La nécessité de faire réaliser des travaux par des entreprises labellisées RGE (« Reconnu garant de l’environnement »), trop peu nombreuses, était aussi un frein identifié à une réelle massification des rénovations.
Le gouvernement a donc simplifié les démarches d’obtention du label, mais a surtout accédé à la demande des professionnels de mettre en place un dispositif de « validation des acquis par l’expérience », pour les petites entreprises (de 0 à 10 salariés). « Elles pourront lancer les chantiers sans attendre, puis seront contrôlées très vite et obtiendront le label si la qualité est au rendez-vous », explique un conseiller ministériel.
Enfin, la réforme avait imposé que, pour les rénovations d’ampleur, les propriétaires soient accompagnés par des intermédiaires indépendants, certifiés « Mon Accompagnateur Rénov’ ». Mais le processus d’agrément, lui aussi lent et complexe, a également freiné les chantiers en début d’année.
Sans supprimer ces Accompagnateurs Rénov’ (ce qui a un temps été envisagé), qui resteront obligatoires pour les rénovations d’ampleur, le gouvernement a donc décidé de simplifier la procédure. « Il y a déjà 400 structures agréées, soit plusieurs milliers d’accompagnateurs, et 650 en cours d’agrément : l’idée est d’accélérer pour que ces structures soient opérationnelles dans les prochaines semaines ou les prochains mois », indique le conseiller.