Avec 13 jours de retard en moyenne, les délais de paiement en Europe retrouvent les niveaux d’avant crise Covid. Face à la crise, les entreprises redoublent d’efforts pour préserver leurs bonnes relations fournisseurs.
Le groupe Altares, expert historique et référent de la data d’entreprise dévoile le panorama des retards de paiement des entreprises en Europe et en France au 2e trimestre 2022. Alors qu’ils s’inscrivaient en forte hausse dès l’été 2020, atteignant 14,5 jours au 4e trimestre 2020, les retards de paiement à l’échelle Europe diminuent rapidement pour retrouver des seuils d’avant crise. A l’heure actuelle, près d’une entreprise européenne sur deux (48,4 %) paye ses fournisseurs à l’heure. Une dynamique portée d’une part par les nettes améliorations enregistrées en France et en Belgique, et d’autre part par les comportements restés vertueux chez les entreprises d’Allemagne et des Pays-Bas. Alors que le Vieux Continent est confronté à de profonds bouleversements, les comportements de paiement des entreprises restent très modérés. Premier élément d’explication avancé : les entreprises redoublent d’efforts pour préserver leurs bonnes relations avec leurs fournisseurs, à l’heure où les chaînes d’approvisionnement sont exposées à de nombreuses crises.
La France repasse sous le seuil symbolique des 12 jours
Dans une Europe ou les comportements de paiement s’avèrent très hétérogènes, la France retrouve sa valeur référence proche des 12 jours de retard en moyenne. Au 2ème trimestre 2022, elle passe même sous ce seuil, à 11,6 jours, renouant avec les niveaux d’avant crise.
Les entreprises françaises, comme leurs consœurs européennes, présentaient durant l’été 2020 des retards de paiement au plus haut depuis près de vingt ans, au-delà de 14 jours. Depuis, l’amélioration progressive a permis de réduire ce délai de près de 3 jours.
Les Pays de la Loire meilleurs payeurs. L’Ile-de-France à la traîne malgré une très nette amélioration des comportements sur ces derniers mois.
Les fournisseurs des entreprises franciliennes, dont le retard de règlement avait dépassé 20 jours au plus haut de l’épisode Covid, ont « gagné » 4 jours de délai. Néanmoins, avec un décalage encore supérieur à 16 jours, un effort reste à faire pour approcher la moyenne nationale.
Les entreprises ultramarines sont encore au-dessus avec des décalages de paiement de plus de 19 jours.
A l’inverse, la performance des Pays-de-la-Loire est à souligner. Après avoir réussi à contenir les retards à peine au-dessus de 11 jours (11,3) en été 2020, les entreprises ligériennes affichent désormais seulement 9 jours de retard. Il s’agit du meilleur délai du pays, avec la Bretagne dont les retards étaient restés sous la barre des 11 jours (10,9) en été 2020.
Une corrélation entre retard de paiement et taille de l’entreprise
Les données l’attestent, plus l’entreprise est grande, plus les retards de paiement s’allongent.
Sur le deuxième trimestre 2022, les organisations employant entre 200 et 999 personnes présentent un retard de 13,7 jours (+ 2 jours vs. moyenne toutes tailles confondues). Les structures les plus grandes d’au moins 1000 salariés, présentent un retard moyen de 16,7 jours, soit plus de 5 jours de plus comparé à la moyenne.
A l’inverse, les structures de 10 à 49 salariés présentent traditionnellement de meilleures performances. C’est actuellement le cas avec des reports de règlements de moins de 11 jours (10,8 jours). Les plus petites entreprises, comptant moins de trois salariés, ne sont jamais parvenues à redescendre sous 12 jours depuis la crise sanitaire. Des tensions sur les paiements étaient même constatées en fin d’année 2021 et début 2022.
Les activités B2C toujours plus fragilisées. La filière textile-habillement particulièrement impactée
Les activités où l’on observe les comportements les moins vertueux restent les activités B2C, fragilisées depuis la crise Covid. Parmi celles-ci on retient : la restauration (19,4 jours), les salons de coiffure ou de beauté (19 jours) et le commerce de détail d’habillement (17,6 jours).
La filière textile-habillement est également sous tension en B2B. Le commerce de gros affiche un retard de plus de 18 jours tandis que dans la fabrication, le décalage qui avait approché 12 jours en 2021 remonte au-delà de 13 jours depuis le début de l’année.
Parmi les autres activités peu vertueuses figure la promotion immobilière qui n‘est jamais parvenue à redescendre sous le seuil des 20 jours. Actuellement, les promoteurs décalent leurs règlements de près de 24 jours en moyenne.
A l’inverse, quelques activités présentent des retards de paiement inférieurs à 10 jours. En tête de celles-ci le bâtiment (8,2 jours) et l’assurance (8,9 jours), suivis de l’édition (9,2 jours), la fabrication de matériaux de construction (9,4 jours) ou la réparation-maintenance industrielle (9,4 jours).