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Volatilité, taux, banques centrales, géopolitique : le plus dur est-il passé ?

22% de rebond pour le DAX, près de 20% pour le CAC40 et le Dow Jones en moins de 2 mois : le plus dur semble passé pour de nombreux indices actions, en Europe, aux Etats-Unis mais également en Chine. Analyse d’Alexandre Bradez, analyste marché chez IG France.

Les anticipations de ralentissement du resserrement monétaire de la Fed, des annonces en provenance de Chine et le ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis ont déclenché un rallye soutenu sur les principaux marchés après des mois de stress et de dégradation des multiples de valorisation. 

Après un Congrès du parti communiste qui avait effrayé les investisseurs et entraîné une accélération de la baisse des marchés domestiques, la situation a évolué depuis quelques semaines. Les autorités chinoises semblent vouloir stopper l’hémorragie sur leurs marchés financiers et attirer à nouveau les investisseurs étrangers. Possibles mesures d’assouplissement sanitaire dans les mois qui viennent malgré une nouvelle forte vague de Covid, réunion globalement positive entre le président américain et son homologue chinois au G20, qui sera elle-même suivie par d’autres réunions entre hauts responsables des deux pays, avancée des discussions concernant le listing des valeurs chinoises sur les marchés américains, facilitation de l’accès au marché obligataire chinois pour les investisseurs étrangers, et tout dernièrement, abaissement du ratio de réserve bancaire (RRR) par la banque centrale et annonce d’une ligne de crédit de 84 milliards$ pour une dizaine de développeurs immobiliers. Sans oublier les consignes données aux banques et fonds d’Etat de soutenir le marché actions domestique. 

Ce qui semble constituer un retour aux « affaires économiques » par les autorités, après une période très politique voire idéologique, a plu aux marchés. 

Le quatrième mois consécutif de repli de l’inflation globale aux Etats-Unis, mais surtout le repli de l’inflation core » après deux mois de rebond, ont également boosté l’appétit pour le risque des investisseurs avec une poursuite du rebond des marchés actions et une petite détente des taux souverains, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe.

Mais le rallye avait déjà commencé en octobre, avec certains petits signes de moindres tensions sur le marché du travail américain mais également par le biais de repli sur certains indices avancés d’activité, ou encore de composantes de prix à l’intérieur de ces indices, préparant ainsi les marchés à une bonne surprise sur les publications d’inflation.

Sur le plan géopolitique, il n’y a en revanche pas eu d’amélioration mais la douceur des températures, le niveau des stocks et une moindre consommation d’énergie dans le secteur industriel, ont tiré les cours du gaz naturel à la baisse : alors que les cours évoluaient à plus de 340€/MwH en août, ils sont brièvement tombés à moins de 90€/MwH fin octobre avant de rebondir un peu en novembre. De quoi entretenir les espoirs du marché de voir enfin apparaître le pic d’inflation en zone euro. 

La détente des marchés est tellement importante que la volatilité du DAX est retombée à 20, soit son plus bas niveau depuis…janvier ! C’est-à-dire avant l’invasion de l’Ukraine et la flambée des prix de l’énergie. Du côté des marchés américains, le VIX (volatilité du SP500) est également retombé à 20, son plus bas niveau en 3 mois. 

Cette baisse globale de la volatilité doublée d’un petit repli des taux obligataires est en train de détendre les conditions financières…et ce n’est surtout pas ce dont ont besoin les banques centrales en ce moment, car une détente trop marquée des conditions financières freine le retour de l’inflation vers l’objectif des 2%. 

La BCE est mécontente de cette situation et elle l’a clairement formulé par la voix d’Isabel Schnabel jeudi dernier : « Les attentes des marchés d’un pivot ont récemment joué contre nos efforts pour sortir de la politique monétaire accommodante ». 

Et ce n’est pas un hasard si les dernières déclarations des membres de la BCE ou de la Fed, même celles des colombes, sont apparues à nouveau plus agressives : les banques centrales ne veulent pas d’un assouplissement des conditions financières actuellement. 

Et c’est peut-être ça qui va pousser les marchés actions à consolider dans les semaines qui viennent, les banques centrales ne devraient pas « autoriser » les taux à se détendre plus fortement, ce qui pourrait freiner l’appétit des investisseurs pour les actifs risqués et redonner quelques couleurs au dollar après sa chute récente (le Dollar Index a perdu près de 8% depuis son sommet annuel).

Le ralentissement économique mondial pourrait aussi favoriser une consolidation sur les marchés actions. Même s’il joue en faveur d’une détente des matières premières et donc des taux (ce que les marchés ont joué dans ce dernier rallye), il doit tout de même être intégré dans un risque global et notamment un risque pour les résultats des entreprises. 

Il est bon de rappeler que les indices d’activité PMI Composite ont basculé sous 50 (zone de contraction) en Europe mais aussi aux Etats-Unis, signe que le ralentissement économique est à l’œuvre. Le plus dur est probablement passé pour les marchés actions et obligataires, mais une poursuite de la tendance haussière sur ce rythme semble totalement impossible, des consolidations sont nécessaires dans les jours et les semaines à venir. Donc le fameux rallye de fin d’année est déjà probablement passé ! 
 

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